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Alexandre et Nolwenn autour du monde
4 avril 2019

(3/4) Ehime le chemin de l'illumination

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 Article sur l'organisation de notre pèlerinage ici,  article Shikoku (1/4) ici et Shikoku (2/4) ici

Ehime, Dōjō de l'illumination

Après cette nuit au tsuyado, nous commençons très tôt une nouvelle journée de marche. Sur les conseils du pèlerin âgé nous nous écartons du tracé officiel pour suivre le Shikoku no michi, l'autre itinéraire qui fait le tour de l'île. Longeant les eaux émeraude de la mer d'Uwa-kai, il nous emmène d'un village de pêcheurs à l'autre sous un soleil éclatant mais qui peine à nous réchauffer en raison d'une forte brise de mer. Nous ne manquons pas de nous faire épier par les pélerins qui nous prennent "discrètement" en photo assis confortablement dans leur bus pendant que nous prenons notre déjeuner assis sur le trottoir de l'épicerie. Le soir, nous campons au Michi no eki de Yashuragi no sato, qui dispose d'un excellent onsen bien reposant aprés une trentaine de kilomètres de marche.

 

DSC05424 Matinée au temple 40

DSC05446 Filets de pêche dans la mer d'Uwa-kai

DSC05455Village de pêcheurs 

 

Les jours suivants, nous traversons la ville d'Uwajima connue pour ses combats de taureaux et son château puis nous visitons le musée de la préfecture d'Ehime, dont notre guide vante l'exposition consacrée au pèlerinage. Nous prenons donc le temps de nous y arrêter mais c'est une franche déception, car même si l'histoire de la région est bien détaillée dans son ensemble grâce aux audioguides en anglais, la collection d'objets en rapport au Henro est bien maigre et nous connaissons déjà l'essentiel du folklore qui y est présenté.

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La saison des momiji (feuillages d'automne) commence à battre son plein et les temples 42 et 43 nous régalent par leur lot d'érables flamboyants.

DSC05492Vue d'ensemble du temple 41

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Momiji du temple 42

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Momiji du temple 43

D'un commun accord, après un dernier trajet en train jusqu'à la ville d'Uchiko, nous décidons d'essayer de nous interdire les transports en commun jusqu'à la fin du pèlerinage. Dans 2 jours, nous devrions avoir vu la moitié des temples et parcouru les 2/3 du parcours.

DSC05499 Repos du pèlerin après une ascension, représentation typique du pèlerinage

26ème jour
Doucement, les températures continuent leur baisse et la fin de l'automne se fait sentir à travers les montagnes. Les mikan se font plus rares sur les étals au profit des kakis. C'est dans les vallées isolées en montant vers Kuma Kogen que nous ressentirons les premiers frissons de l'hiver. Fait inhabituel sur le parcours, cette section est dépourvue de konbinis sur près de 35km, nous obligeant à faire quelques réserves. En revanche elle compte bon nombre des éternels distributeurs de boissons japonais dont nous goûterons à cette occasion la soupe de maïs en cannette (ça réchauffe, mais ça manque cruellement de calories).

DSC05514 Vente de kaki en libre service sur la route

DSC05553 Temple 44, porte principale où des sandales en paille sont renouvelés tous les cent ans

DSC05561 Furuiwaya rock, cette formation rocheuse a 4000 ans d'érosion, en son sein, on distingue une grotte où un Fudō Myōō trône

Le 45ème temple, Iwayaji, est perché sur le flanc d'un pic où Kōbō Daishi pratiqua son entraînement ascétique. Suivant une suggestion du guide, nous demandons à l'accueil la clé du portail qui mène au sommet et payons 300¥ pour la liasse d'osamefudas spéciaux pour accomplir le rituel. Au sein d'une forêt de sugi démesurés, on passe successivement devant 33 statuettes de pierre au pied desquelles on place un osamefuda (attention à ne pas se tromper, chacun correspond à une seule d'entre elles). Les ridicules petites poubelles de salle de bain en plastique au pied de chaque statue destinées à protéger ces papiers fragiles de l'humidité ne suffisent pas à dénaturer l'atmosphère profondément mystique de ce lieu, qui n'a rien à envier à celle de Koyasan. Derrière son portail de bois gardé par un Fudō Myōō écarlate et menaçant, l'ascension de la faille étroite et glissante vers l'okuno-in de Seriwari Zenjō se mue ensuite en escalade à l'aide de chaînes et d'une échelle.

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Temple 45

Notre journée du lendemain nous amène aux portes de la ville de Matsuyama (« la montagne aux pins ») ; beaucoup plus active que Kōchi, elle se place sur le même plan que Tokushima grâce à sa localisation stratégique sur la mer intérieure de Seto, axe d'échanges primordial du Japon depuis les débuts de l'ère impériale. La ville comporte 6 temples du pèlerinage. Notre visite du premier d'entre eux est interrompue par l'irruption d'un petit sanglier, qui traverse les jardins du temple à la hâte et à grand bruit. On l'aurait bien pris pour un envoyé divin (le signe astrologique de 2019 est celui du cochon, mais les Japonais adorent le représenter sous les traits d'un sanglier) mais on est vite détrompés par les détonations qui retentissent dans les collines.

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DSC05653 Des retraités très accueillants ont ouvert un stand de café gratuit tous les jeudis pour offrir un repos aux pèlerins de passage et discuter avec eux. Ils avaient des fiches en anglais et nous parlaient pour s'améliorer dans cette langue.

DSC05659 Temple 46 où le sanglier est apparu

Comme nous maintenons une allure assez soutenue depuis 10j, nous estimons bon de faire une journée complète de pause à Matsuyama, occasion rêvée de rendre visite à son superbe château ainsi qu'au Dōgo Onsen, établissement de bains public ancré dans la légende en tant que plus ancien de tout le Japon. C'est une chance inouïe, car le bâtiment rentre en rénovation complète à partir de janvier 2019. Nous nous y rendons le lendemain dans la matinée avant les heures d'affluence. Pour environ 1500¥ (la formule complète), on accède aux deux bains et à une salle de repos privée où se retirer ensuite pour déguster une tasse de thé vert accompagnée de dango (brochette de sucreries à base de pâte de haricots rouges).

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Déjà forts d'un certain nombre d'expériences dans le domaine des sento depuis le début du pèlerinage, nous nous attendions à quelque chose d'incroyable (on était sûrement un peu trop hypés par l'influence Ghibli !) mais l'eau des deux bains est pour ainsi dire identique. Cette formule est à réserver aux personnes désireuses de se baigner dans des cadres hors du commun, car c'est surtout le décor (qui est splendide : les galeries où vous pourrez vous détendre après vos ablutions rappellent furieusement le Voyage de Chihiro - Miyazaki n'a pas renié cette source d'inspiration) que l'on paye, et c'est compréhensible, mais dans nos têtes on ne pourra pas s'empêcher de le comparer aux petits onsen à 600¥ avec 3 ou 4 eaux complètement différentes. À 410¥, le prix d'accès au seul bain principal de Kami-no-yu reste cependant tout à fait bon marché. 
Le château de Matsuyama est magnifique. Comme Himeji, il a conservé son plan de construction à travers les siècles et a été rénové très récemment. En revanche son look tout en noir est à l'opposé et il se dresse sur une colline boisée très haute à deux pas du centre-ville. On y passe une fin d'après midi ensoleillée très agréable après avoir visité Ishiteji (n°51), qui est un joyeux bordel et le théâtre de la réincarnation supposée d'Emon Saburo, des années après sa quête de rédemption sur les routes de Shikoku. Près de là se dresse la plus grande statue de Kōbō Daishi du Japon (et forcément, du monde !), et nous repartons avec une barquette de délicieux yakimochi (gâteaux de riz gluant grillés).

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DSC05726 Yakimochi !

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29ème jour
Revigorés de cette étape, nous reprenons la route au matin avec enthousiasme, mais un peu tard par rapport à notre moyenne habituelle.
Pour atteindre notre objectif du jour, nous devrons continuer à marcher bien au-delà du crépuscule, mais la journée sera riche en rencontres qui nous motiverons à finir notre but de la journée. Nous recevons trois osettai, dont un café avec des producteurs d'agrumes et un repas complet accompagné d'omamori (porte bonheur) offert par des retraités à la cantine d'un village ; peu après, un balbuzard survole la route de droite à gauche, portant un poisson dans ses serres. Enmyōji (n°53) comporte une lanterne de pierre figurant une statue de la Vierge dissimulée sous les traits de la divinité bouddhique Kannon, qui aurait été vénérée par les Chrétiens cachés de la région, mais nous aurions bien été incapables de reconnaître l'une comme l'autre sans l'aide d'une passante car la statue en question est sérieusement érodée.

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DSC05765 Temple 53

DSC05782 Bornes récentes et anciennes du pèlerinage

 

30ème jour
Nous arrivons dans la ville portuaire et industrielle d'Imabari, qui s'étale sur une grande distance le long des rivages de la mer intérieure de Seto. D'ici part un des 3 ponts qui relient Shikoku au Honshu. Situé sur les hauteurs, le Senyuji (n°58) nous marque particulièrement, en grande partie grâce à la brume qui recouvre ses allées d'érables, installant une atmosphère mystérieuse. Nous y rencontrons un photographe qui nous demanda de poser pour lui tellement nous l'avions impressionné avec notre équipement !

 

DSC05787 Temple 55 visité sous la pluie

DSC05810 Temple 58 sous la brune et les momiji

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32ème jour
Le lendemain, le Yokomineji (n°60), verrou spirituel d'Ehime nous attend du haut de ses 740m d'altitude. Une pluie fine très désagréable tente de nous démotiver, mais la longue et pénible ascension jusqu'au temple se déroule comme prévu et nous arrivons juste à temps pour demander le tsuyado. A la nuit tombée, le profond silence qui règne en ces lieux et les lueurs fantomatiques qui éclairent les temples de l'intérieur ont quelque chose d'inquiétant, mais cette sensation est quelque peu diminuée par l'arrivée de la pluie qui tambourine sur le toit de notre abri une bonne partie de la nuit.

DSC05839 Temple 59, tu peux y serrer la main de Kobo Daishi tout en faisant un voeu

DSC05851 Temple 60

DSC05848 Tsuyado du temple 60, qui est la salle de repos du temple

Voir l'album photos complet ici
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