Kansai, au coeur de l'ancien Japon impérial
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C'est parti pour un an au Japon avec notre working holiday visa !
Nous arrivons à l'aéroport international du Kansai le 16 octobre en début d'après-midi. Les vols se sont très bien passés, avec une escale à Taïwan de moins d'une heure. Nous avons ainsi enchaîné 16h de vol opérées par China eastern airlines où nous avons eu droit à des repas et le fameux écran. Nous sommes sortis de l'avion le ventre plein et les yeux rouges d'avoir regardé trop de films.
Nous rejoignons le centre d'Osaka par le train pour aller à notre auberge de jeunesse en utilisant les cartes Suica transmises par le frère de Nolwenn et sa femme. Ayant peu dormi en plus d'un jet lag assez fort, nous nous reposons beaucoup les premiers jours. L'auberge est très confortable, avec un dortoir en casiers, un salon et une cuisine spacieuse et est très bien située à Nippombashi près de Namba, une des stations principales de la ville.
Dortoir de l'auberge de jeunesse, les lits sont dans des casiers pour plus d'intimité
Vue de Nipponbashi de l'auberge de jeunesse, surélever les voies est généralement la solution adoptée par les "express way" pour traverser les villes
Nous y restons 3 jours pour aller ensuite dans une guest house pour 2 semaines, proche des quartiers coréen et de Tennoji pour avoir plus d'indépendance. Nous y ferons nos premières courses et découvrirons par l'occasion les supermarchés japonais, plus petits avec pas mal de suremballage mais riche en bentos (on connaîtra vite les horaires promotionnels) ainsi que les combinis, bien pratique car toujours ouverts (nous en seront très reconnaissants lors du pèlerinage.)
Rue coréenne à coté de notre guest house, semblable à ce qu'on peut trouver dans une rue chinoise mais provenant de la Corée
Boutique spécialisée dans la vente de baleine dans le quartier coréen
Osaka est une ville moderne avec de nombreux restaurants et de longues rues piétonnes couvertes. Namba et le Dotonbori sont les quartiers de la night.
Rue piétonne dans Namba, le jour d'Halloween
Habitant à côté, le premier soir, nous y mangerons nos premiers ramen, un délice. Les restaurants sont tellement peu chers comparés à la France (500¥ à 600¥ pour un bol de ramen qui fait le repas soit env 4€) que nous en testerons pas mal, okonomiyaki, gyudon, udon, soba, taiyaki, takoyaki (que nous aimerons le moins)... En termes de visites, nous allons voir l'imposant château, dont l'intérieur est constitué d'un musée, et qui jouit d'une vue panoramique sur la ville tout en haut. Même s'il a été complètement refait, il reste intéressant à voir et au moins ses salles ne sont pas vides. Son parc est agréable pour se balader.
Château d'Osaka, reconstruit au XXième siècle avec ses douves en premier plan
Vue d'Osaka en haut du donjon, on y voit la sculpture de poisson (shachi) censée protéger contre les incendies
Situé au bord de l'eau, le Nakanoshima jardin des roses, avec ses nombreuses variétés originaires du monde entier, dont bon nombre sont odorantes et encore en fleur en ce mois octobre, est une autre promenade sympathique au milieu cette ville bouillonnante (Suite à un crash du téléphone, les photos ont été malheureusement perdues). A Osaka, nous visiterons aussi notre premier sanctuaire, le Ohatsu tenjin où un autel est dédié à l'amour interdit d'une courtisane et d'un citoyen qui ont du mettre fin à leurs jours.
Être basé sur Osaka nous permet de rayonner sur un certain nombre de villes touristiques se situant tout autour, à savoir Nara, Himeji, le mont Kôya et Kyoto. Nos 2 visites n'ayant pas suffi pour cette dernière, nous comptons y revenir par la suite. Ces destinations mises à part, nous faisons un détour dans la ville voisine de Sakai en banlieue d'Osaka où nous avons appris qu'un matsuri se tenait le 21 octobre. Ce type de festival shintoïste très commun au Japon se décline ici sous la forme d'une procession où des divinités (kami) sorties exceptionnellement de leurs sanctuaires dans des palanquins richement décorés sont baladées à travers la ville. C'est un spectacle impressionnant, chaque palanquin de plusieurs centaines de kilos étant porté sur les épaules d'une équipe d'hommes aux kimonos bigarrés qui avancent en rythme en le balançant d'un côté à l'autre de la route.
Palanquins au matsuri Sakai, des femmes avec des éventails encouragent les porteurs en chantant
Vue sur le défilé des palanquins
Leur défilé s'accompagne ici d'une sorte de forum des associations géant où clubs de sport, de musique et de danse de la ville se joignent au cortège.
En rentrant dans notre quartier le soir même, nous assistons sans le vouloir au retour d'autres divinités dans leur sanctuaire, cette fois dans des chars éclairés de lanternes.
Char sur lequel une personne danse, revenant à son temple
Kyoto
Ville incontournable pour un voyage au Japon à 30min en train d'Osaka, une multitude de forums, articles, guides sur le sujet en parlent déjà bien mieux que nous. Nous consacrons notre première sortie au côté nord-est de la ville, le long du « Chemin de la philosophie » jusqu'au Kiyomizu-dera. Pour y accéder nous visitons d'abord le Higashi Hongan-ji, à la sortie de la gare puis nous déambulons dans le parc impérial avant de rejoindre le point de départ du chemin, le pavillon d'Argent, qu'on nous avait vanté, mais qui ne nous impressionne pas plus que ça. Nous apprécions tout de même le charme de son petit jardin intime.
Le Higashi Hongan-ji proche de la gare, vaste temple où sont exposées des cordes tressées à partir de cheveux des fidèles
Rivière Kamo entre le palais impérial et le chemin de la philosophie
Ginkaku-ji, le pavillon d'argent
Le chemin, qui traverse temples et jardins avant arriver au Kiyomizu-dera (Temple de l'eau claire, en référence à sa fontaine Otowa-no-taki, dont l'eau est censée aider à passer les examens), est très agréable. La rue pour accéder à ce dernier est remplie de boutiques de souvenirs et de snacks, nous y croisons aussi bon nombre de touristes habillés en kimono. En y arrivant, nous constatons que le bâtiment principal est en rénovation, il est caché en grande partie même si nous apercevons ses 139 pilotis en bois. Le site est majestueux avec bon nombre de pagodes, son sanctuaire Jishu-jinja, il est parfait pour prendre des photos au coucher de soleil.
Chemin de la pilosophie le long d'un petit canal
Grand torii Jingu appartenant à Heian-jinja à coté du zoo
Yasaka-jinja à l'ouest du parc Maruyama
Kiyomizu-dera, le batiment principal est en rénovation
Kiyomizu-dera au niveau du sanctuaire, le soleil commence à se coucher
La pagode du Kiyomizu-dera à 3 étages est à l'entrée du temple
Photo souvenir à l'entrée du temple Kiyomizu-dera
A la nuit tombée, nous finissons notre journée par l'ancien quartier de Gion, où nous apercevons fugacement une maiko, une apprentie geisha.
Quartier de Gion où on peut voir les maisons typiques de l'ère d'Edo
Lors de notre deuxième sortie nous explorons le quartier d'Arashiyama à l'est de la ville avec sa promenade dans la forêt de bambous qui regorge de touristes (nous en ferons de plus belles et plus sauvages à Shikoku sans personne aux alentours) et ses innombrables temples fléchés dans tous les sens. Après les bambous, nous remontons vers le nord en suivant un chemin peu emprunté (semblable à celui de la philosophie), pour arriver devant le méconnu et vaste Seiryo-ji, où la sérénité règne (la visite du temple avec vue sur son petit jardin à l'arrière coûte 450yen).
Promenade à travers les bambous et la foule
Belle maison typiquement japonaise
Ensuite, voilà le Daikaku-ji, ancienne résidence de l'empereur Saga à l'enfilade de galeries richement décorées et au jardin (un des plus anciens du Japon) reproduisant le paysage du lac Dongting en Chine.
Fusuma peint au XVIème siècle dans le Daikaku-ji dans la chambre de l'empereur
Jardin sec japonais avec au fond la porte d'entrée de l'empereur (Daikaku-ji)
Galerie couverte légèrement en hauteur pour se promener dans le Daikaku-ji sans abîmer le jardin
Fusuma peint au XVIème siècle dans le Daikaku-ji
Marchant à travers les champs bordant Kyoto, nous concluons la journée par le fameux pavillon d'Or du Kinkaku-ji qui, même s'il est bien tape-à-l'œil, nous plaît beaucoup plus que le pavillon d'Argent, rejoignant là-dessus la plupart des touristes chinois. Nous devons l'être un peu nous aussi...
Pavillon d'Or du Kinkaku-ji, entièrement recouvert de feuille d'or, au dessus du pavillon trône un phénix
Nara
Nous partons à la découverte de Nara, ancienne capitale du 8ième siècle, afin de visiter son parc, où lieux de culte bouddhistes et shintoïstes poussent comme des champignons. Sans surprise de la part d'un lieu aussi touristique, il y a beaucoup de monde, mais cela reste respirable car la plupart des visiteurs sont occupés à nourrir les nombreux daims sacrés qui y déambulent librement. Passé l'enthousiasme du premier contact, nous ne leur prêtons pas particulièrement attention même s'il est vrai qu'ils sont mignons et que leur manière de s'incliner pour recevoir des biscuits est très surprenante. Nous commençons par le temple Kofûku-ji composé de 10 bâtiments dont une pagode à 5 étages, une des plus élevées du Japon.
Nous évitons ensuite le jardin Isuien pour nous consacrer au petit Yoshiki-en, qui lui est accolé et gratuit pour les étrangers. Malgré tout, il représente bien les différents aspects du jardin japonais et nous en sommes très satisfaits. Il est parfait pour nous qui souhaitons avoir le temps de faire un tour complet des lieux, car les journées de l'automne japonais, tellement plus courtes qu'en Europe, réduisent grandement les possibilités de visite (à 17h30, la nuit tombe, et la plupart des monuments ferment avec elle).
Ensuite, nous nous rendons à l'impressionnant Tôdai-ji, attraction phare de Nara avec son énorme temple (considéré comme la plus grande structure en bois du monde) qui abrite le Grand Bouddha Vairocana en bronze et or monumental (haut de 15m, réalisé en 751). C'est notre souvenir le plus marquant de notre journée.
Porte du Sud du Tôdai-ji d'une hauteur de 25m en bois, les daims sont parmi nous
Grand Bouddha Vairocana en bronze et or
Notre dernière visite est le sanctuaire Kasuga taisha avec son allée aux 3000 lanternes de pierre au milieu de la forêt, dans une ambiance solennelle.
Entrée du sanctuaire Kasuga taisha avec ses lanternes
Galerie du sanctuaire Kasuga taisha tout en rouge vermillon
Daim de Nara ayant une petite faim au milieu des lanternes du sanctuaire Kasuga taisha
Chemin des lanternes du sanctuaire Kasuga taisha
Au bout du parc, des panneaux indiquant des trails sur les collines alentour ont piqué notre curiosité mais nous n'avons pas le temps de nous y aventurer plus loin. Peut être une prochaine fois… En fin de journée, nous nous baladons tranquillement dans le quartier Naramichi où l'on peut trouver des maisons traditionnelles de l'époque Edo ainsi que des boutiques de kimono de 2ième main. Après avoir acheté un yomogi mochi artisanal (boule de pâte de riz fourrée aux haricots rouges à laquelle l'armoise donne sa couleur verte) à la boutique Nakatanidou réputée pour sa rapidité au battage de la pâte (photo perdue), nous rentrons sur Osaka.
Comme à Kyoto, la plupart des temples sont payants, jusqu'au mont Wakakusa où nous avions prévu de déjeuner en profitant de la vue sur le parc de Nara.
Himeji
Malgré la réticence initiale de Nolwenn par crainte d'un lieu trop sur-côté, nous décidons d'aller nous faire notre propre avis. Dès la sortie de la gare, son impressionnant château blanc se dévoile au loin. Au contraire du château d'Osaka, qui a été entièrement reconstruit en béton, il fait partie des 12 forteresses japonaises à n'avoir jamais été détruites par les guerres et les catastrophes naturelles. Ainsi, il compte parmi les exemples les mieux préservés d'architecture féodale du pays. Sa dernière restauration date de 2015. Après une longue ligne droite, on arrive finalement devant ses fortifications. Nous prenons un billet combiné château/jardin coûtant 1000yen et quelques, on ne le regrettera pas. L'extérieur comme l'intérieur de l'édifice sont très beaux, avec en prime un long palais-corridor, qui servait de résidence à l'époque. Devant le donjon, nous voyons notre premier cerisier en fleur.
Fortifications du Château et aperçu du palais corridor
Vue du donjon depuis le palais-corridor
Le jardin Kôko-en, séparé en plusieurs sous-ensembles vaut vraiment le détour, une fois encore tous les styles sont magnifiquement représentés et nous buvons notre premier thé matcha préparé traditionnellement, avec une petite pâtisserie à déguster avant pour atténuer son amertume. Alexandre est sous le charme.
Dégustation d'un matcha avec sa confiserie au pavillon de thé du jardin
L'après midi est consacrée à la visite du mont Shosha et son temple Engyo-ji. Depuis le château, il faut prendre le bus puis le téléphérique. Nous craignions de ne pas avoir le temps d'en profiter, mais nous y arrivons avec 3h devant nous avant le crépuscule. Au premier abord, nous sommes surpris de devoir payer l'entrée pour un lieu ouvert comme celui-ci (surtout que le guichet est en haut du téléphérique) cependant le site en vaut clairement la peine. Il est composé de plusieurs bâtiments dans une forêt à l'ambiance plutôt mystique. Nous croisons quelques personnes mais rien à voir en comparaison de la foule du château. Nous avons le temps de nous restaurer en prenant nos premiers udon végétariens avant de nous balader à l'ombre rafraîchissante des arbres. A la fin, nous devrons quand même courir pour attraper un des derniers téléphériques.
Le pavillon Maniden de Engyo-ji, avec ses pilotis semblables à ceux du Kiyomizu-dera
Le pavillon Mitsunodo de Engyo-ji, un des lieux de tournage du Dernier samourai sorti en 2003 avec Tom Cruise
Mont Kôya
Le mont Kôya, accessible par un funiculaire est notre dernière destination dans les environs d'Osaka et la plus éloignée. A 900m, nous sentons que l'automne est bien installé. Il fait plutôt froid (env. 10-15°C) et les feuilles rouges sont arrivées. C'est une ville très atypique composée majoritairement de temples, de boutiques de souvenirs et de restaurants qui se sont développés dans le sillage du centre spirituel bâti par le moine Kûkai (Kōbō Daishi) dans ce lieu reculé au 9ème siècle. Au bout d'une immense allée bordée des tombes d'innombrables fidèles, à l'ombre d'une forêt de cèdres centenaires, se trouve le mausolée où repose le saint homme lui-même, dont on dit qu'il est toujours en méditation (rituellement, 2 repas lui sont servis par jour). Après avoir pris une navette pour se rendre dans le centre de Kôya-san, nous passons devant le temple Kongôbu-ji pour aller directement à l'enceinte Danjo garan qui comprend une vingtaine de pavillons et pagodes.
Enceinte Danjo garan avec vue sur la pagode Konpon Daito laqué de vermillon
Etang dans l'enceinte Danjo garan
Chemin piéton menant à l'enceinte Danjo garan, les feuilles rouges sont éclatantes
Nous remontons ensuite la rue principale, visitant quelques temples et même un sanctuaire d'Inari pour arriver devant l'entrée de l'Okuno-in, le « saint des saints ». Il débute par le pont Ichi ni hashi où on se purifie et s'incline avant de traverser les 2km du cimetière aux quelques 200 000 stupas menant au mausolée de Kōbō Daishi. Il faut alors franchir un autre pont, le Gobyô bashi, toujours en s'inclinant avant. En entrant dans ce lieu sacré chacun est tenu de garder le silence et il est interdit de prendre des photos. Nous allons nous y recueillir pour qu'il veille sur nous pendant le pèlerinage de Shikoku, dont il est également à l'origine. Par la même occasion nous visitons le temple des lanternes attenant, des milliers y sont accrochées.
Cimetière dans l'Okuno-in sous les cèdres
Les lieux sont magnifiques, et malgré la rapidité de notre visite nous avons la sensation d'en avoir bien profité. Nous finirons tranquillement notre journée par le mausolée de la famille Tokugawa qui n'est pas très prisé par les touristes.
Mausolée de la famille Tokugawa
Voir l'album photo complet ici