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Alexandre et Nolwenn autour du monde
24 septembre 2018

Immersion totale en Laponie à Urho Kekkonen

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23 juillet

Nous avons décidé de faire une pause de 2j au camping de Sodankylä pour bien se préparer au prochain trekking (lessive et courses alimentaires), bien inspirée car il a beaucoup plu. Ces 2j permettaient aussi de laisser passer le week end et surout le dimanche. En effet, les centres de randonnée du parc national Urho Kekkonen étant fermés le dimanche nous n'aurions pas pu acheter une carte indispensable pour le visiter. Nous reprenons donc le bus pour une nouvelle aventure qui s'annonce excitante, à savoir une randonnée d'une semaine dans la solitude de ce parc, un des plus vastes et des plus sauvages de Finlande. Calculer nos besoins pour cette randonnée nous a pris pas mal de temps et de réflexion, avec la difficulté supplémentaire du shopping dans un pays étranger et son lot d'incompréhensions sur la composition réelle de certains produits (les étiquetages dans la triade norvégien-suédois-finnois sont très courants en Finlande, ne pas espérer d'anglais, d'allemand ou même de hollandais pour savoir de quoi il en retourne) et le manque cruel, si cruel de certains aliments (ô saucisson, TMTC).

 

On vous mettra en détail ce qu'on a acheté pour la semaine dans un prochain article.

 

Nommé d'après un célèbre président finlandais, Urho Kekkonen est une vaste étendue sauvage qui court le long de la frontière russe en une mosaïque de paysages très variés, des nombreux tunturit dans sa partie nord aux grandes tourbières du sud, et de son centre aux forêts épaisses. Nous avons fait le choix de commencer au nord, où se situent les deux centres d'accueil principaux, et de nous limiter grosso modo à la zone montagneuse, sous la forme d'un aller-retour vers le centre et le lac de Luirojärvi. Une exploration complète du parc, qui n'est pas balisé une fois dépassés les 20 premiers km, demanderait de nombreuses semaines, voire plusieurs mois, il va donc de soi qu'elle est impossible en une seule excursion, à moins d'espérer finir son parcours sur les ressources de cueillette et de pêche, cette dernière nécessitant un permis payant. Le point positif est que le parc est très riche en petits ruisseaux dont l'eau est potable telle quelle, étant donné l'absence d'activités humaines, en trouver ne sera donc pas une préoccupation contrairement à Pyhä-Luosto. C'est donc dans un vrai bain de nature que nous nous lançons, heureusement, Urho Kekkonen se glorifie du meilleur réseau de refuges et d'abris de toute la Finlande, ce qui, d'après notre expérience, n'est pas faux.

Le bus nous dépose à Kiilopää où prenons un solide déjeuner et achetons la seule carte disponible qui est au 100 000ème et représente l'ouest du parc avant de commencer la rando. Avec son fin papier plastifié, sur le moment, 20€ nous semble cher pour ce qu'elle est, mais elle se révélera au final d'une très bonne qualité, étanche, difficilement déchirable et nous la réutiliserons à coup sûr si jamais nous remettons les pieds à Urho Kekkonen (ce qui est probable !). Nous commençons avec le Kiirunapolku (le sentier du Lagopède), que nous suivons jusqu'en haut de Kiilopää, sans toutefois croiser l'oiseau, mais d'où nous avons notre premier aperçu des étendues du parc, sous la forme d'une succession de tunturit arrondis vers le sud.

 

Carte Urho Kekkonen Notre itinéraire dans le parc national Urho Kekkonen

 

 

DSC023531Depuis le sommet de Kiilopää

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De là, nous quittons la piste et descendons à flanc de colline pour rejoindre le sentier vers l'étang de Rautulampi. Une douzaine de km plus tard, après une courte mais forte averse et une marche paisible à travers les tunturit sans croiser personne, nous arrivons à Rautulampi, un refuge hors du temps bâti près de l'étang du même nom qui se niche entre deux collines. Il n'y a pas de véritables couchettes à l'intérieur, l'endroit étant encore situé dans la zone balisée dédiée à la « randonnée à la journée » du parc.

 

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20180723_174658Premier aperçu de l'étang de Rautulampi

 

Même si l'endroit nous plaît beaucoup, nous décidons de poursuivre plus avant car il est à peine 17h et nous sommes décidés à tenir notre objectif d'atteindre le Luirojärvi en 3j maximum. La partie suivante de la randonnée commence sur une vallée boisée au fond de laquelle coule un ruisseau, qui nous charme, mais nous déchantons très vite à l'apparition de nuages de moustiques. C'est la première fois qu'ils nous posent problème depuis notre arrivée en Scandinavie, et pris par l'enthousiasme nous n'avons pas pris soin de nous enduire de répulsif. Notre entrée dans la zone non-balisée, qui se fait au même moment, est un facteur aggravant, car nous nous arrêtons souvent pour nous interroger sur le chemin à suivre. Avec les nouveaux moustiques que chacun de nos pas lèvent depuis la végétation, c'est un carnage. Nous sommes obligés de faire demi-tour, pour traverser la rivière à pied en pataugeant et nous mettons presque deux fois plus de temps que prévu pour couvrir les 7 derniers km qui nous séparent de notre refuge.

 

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DSC02400La vallée enchanteresse aux 100 000 moustiques

 

On retiendra la leçon pour les jours suivants ; avec l'omniprésence de ses cours d'eau et son absence de vent, les parties basses de Urho Kekkonen sont un vrai traquenard à l'époque de la räkkä, ce mot finlandais qui désigne la prolifération des insectes piqueurs pendant les mois de juin et juillet. Nous ferons aussi la connaissance de diverses espèces de taons à la piqûre très douloureuse, qui sont moins tributaires de l'humidité ambiante que les moustiques et qui nous fourniront une désagréable compagnie pendant une large partie du voyage.

 

24 juillet

Fatigués par la marche forcée de la veille au soir sous l'aiguillon des moustiques, nous nous levons assez tard, en réalité surtout pour échapper à la fournaise de notre tente, qui dès 8h du matin commence à chauffer sérieusement sous les rayons de ce soleil lapon hyperactif. A l'arrivée au refuge la veille, nous avons croisé un Finlandais qui nous a conseillé de camper dehors, avant, de son côté, de « décamper » à son tour. En effet, l'intérieur du refuge de Lankojärvi est invivable, il y fait encore plus chaud que dehors, selon lui à cause du sauna du refuge réservable auquel il est accolé. En effet, à Urho Kekkonen, à un même emplacement les refuges sont souvent divisés en deux parties et sont donc munis de deux portes, la verrouillée marquant l'entrée du Varaustupa et l'autre du Autiotupa, ce merveilleux concept de refuge ouvert aux quatre vents, toujours prêt à réchauffer le cœur (et les pieds) du randonneur fourbu quel que soit le temps et la saison. Ces deux types de refuge présentent en général le même type d'aménagement (plaques chauffées au gaz, bombonne de gaz, poêle à bois, couchettes en bois, table), et partagent réserve de bois et toilettes sèches quand il sont présents au même endroit ; cependant, on trouve certains Varaustupa isolés, pour les amateurs de tranquillité absolue.

 

20180724_120746Le lac de Lankojärvi vers midi, près du refuge

  

Nos ambitions pour la journée étant plus limitées, après avoir déjà parcouru une bonne distance la veille, nous nous contentons d'une petite randonnée de 8km sur des chemins toujours hasardeux entre lacs et rivières (la distinction est parfois mince dans ces zones de lent écoulement que l'on trouve le long de la partie centrale de la rivière Suomujoki), en s'offrant le luxe de poser notre campement tôt en fin d'après-midi pour pouvoir profiter un peu du lieu de notre bivouac. Nous croisons deux petits ponts de bois assez spectaculaires, au-dessus de passages où les rivières s'engouffrent en grondant.

 

20180724_130429Le plus large passage à gué que nous ayons traversé à ce jour, sur le Suomujoki

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DSC02413Le pont sur les rapides de Kotaköngäs

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En combinant nos deux produits répulsifs Biovectrol, l'un spécial vêtements, l'autre pour la peau, nous avons eu moins de problèmes avec les insectes, mais la protection vêtements, qui est censée durer plusieurs semaines et plusieurs lavages, devra dans notre cas être renouvelée toutes les 24 à 36h pour rester efficace tant les moustiques sont voraces.

 

20180724_223457Etant seuls, nous abusons quelque peu de la protection offerte par le laavu (lean-to shelter en anglais) pour poser notre tente...

DSC024311Préparation du dîner sur le feu de camp au coucher du soleil

DSC02435Au crépuscule, le ciel au-dessus de la rivière grouille d'énormes libellules qui traquent infatigablement les moustiques, nous frôlant de très près pour les attraper

 

25 juillet

Après une nouvelle journée de marche, nous atteignons le lac Luirojärvi, considéré comme la perle du parc. Sous un grand ciel bleu, surplombé par le Sokosti, le point culminant de Urho Kekkonen à 718m, c'est en effet dans un bel écrin qu'il s'offre à nos yeux.

 

DSC02456Sur notre route, le refuge de Tuiskukuru

DSC02461Traversée d'une forêt de bouleaux nains au sommet d'un tunturi avant d'amorcer la descente vers Luirojärvi

DSC02471Premier aperçu du Sokosti en arrière-plan, le lac est toujours invisible

DSC02483Première trouvaille de champignons de l'année ! de petites girolles

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DSC025261Juste avant l'arrivée, retour en force des lakkat (mûres arctiques)

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DSC02572Le Luirojärvi en fin d'après-midi

 

Plusieurs groupes de randonneurs nous ont précédés sur place, et nous passons soudain de la solitude presque totale à une ambiance de camping festif, heureusement les rives du lac sont vastes et nous trouvons la place à l'écart qui nous convient. En discutant plus tard, on apprendra que plus de 50 personnes s'y trouvaient au même moment et que c'est complètement exceptionnel pour cet endroit, étant donné l'immensité du parc et la diversité des points d'accès.

 

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26 juillet

Après une baignade dans le lac et un début de journée dans l'hésitation sur l'itinéraire à suivre pour la deuxième partie de notre rando, nous décidons de partir vers le nord vers 15h au lieu de rester au Luirojärvi. Le temps s'est beaucoup couvert et une fine bruine tombe, masquant complètement le paysage de la veille. Pour repartir, nous suivons la rive ouest du lac à travers des tourbières où nous trempons nos chaussures dans les sphaignes et l'herbe humide, faute d'avoir trouvé le bon sentier dès le départ. Par contre il y a un certain nombre de mûres arctiques, pour lesquelles nous ralentissons parfois l'allure malgré la météo et les moustiques, qui sont de retour.

 

DSC02575On comptait sur cette hutte pour s'abriter un peu, mais on tient à peine assis à l'intérieur et la porte est cassée

 

Quelques heures plus tard, en faisant halte autour du feu d'un groupe de Finlandais, nous discutons de notre itinéraire et un vieux monsieur nous suggère de passer par la gorge de Paratiisikuru, selon lui un des « must see » du parc. Il met en avant que le chemin est plus facile à suivre que celui que nous comptons emprunter, même s'il faut monter beaucoup plus pour le trouver. C'était un bon conseil, mais il était un peu tard pour le suivre le jour même : ce sera la marche la plus éprouvante de notre excursion dans le parc. Tout de même, coup de chance, le panorama depuis les hauteurs que nous escaladons pour rejoindre l'entrée de la gorge est magnifique, il embrasse le paysage à près de 360° et nous permet de jeter un regard en arrière sur les grandes étendues sauvages que nous avons traversées depuis plusieurs jours (seules ombres au tableau, l'heure tardive, le vent fort et le froid nous congèlent sur place).

 

DSC02584On profite d'une accalmie en montant vers les hauteurs où se trouve l'entrée de la gorge

DSC02586En arrivant là-haut, le ciel s'est complètement découvert

DSC02587Le regard porte loin sur les monts et les forêts que nous traversons depuis plusieurs jours ; le Luirojärvi est à gauche

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DSC02603Aperçu du reste des montagnes, qui s'étendent vers le nord-est 

 

La descente de la gorge est très pénible dans sa première partie, sur un terrain rocailleux et en pente forte, plus difficile que jamais, et le lieu est certes original mais pas aussi enchanteur que ce qu'on nous avait vendu (à ce point, on constate qu'on a déjà fait assez de rando pour commencer à faire les difficiles !).

 

DSC02606Début de la descente de la partie haute de la gorge

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20180726_222435Le cirque et le lac qui font la célébrité de Paratiisikuru

 

C'est au terme de 10h de marche que l'on arrive au refuge de Sarvioja, vers 1h du matin, grâce à la lumière diffuse de la nuit arctique qui nous permet de voir jusqu'au bout le chemin comme en plein jour. Cependant, le refuge est plein de randonneurs endormis, il nous faut donc monter la tente et comble de malchance, en absence de pont, Nolwenn fatiguée glisse dans l'eau en traversant la rivière juste avant d'arriver (on admettra que le choix par Alex de l'endroit où traverser était discutable). On fait un grand feu à l'extérieur pour sécher les vêtements, avant de monter la tente. Il est vraiment le bienvenu car ici à l'ombre de la montagne, la température a beaucoup chuté.

 

28 juillet

Nous avons passé deux nuits à l'emplacement du refuge de Sarvioja dans notre tente. La veille, nous nous sommes levés en début d'après-midi et avons tranquillement exploré les bords de la rivière aux alentours du refuge. L'endroit est très paisible, et la rivière a l'air poissonneuse.

Il est temps de reprendre notre marche en direction du nord-ouest, vers les centres d'accueil du parc. Nous passons de nouveaux ponts de bois, faisons une belle récolte de mûres arctiques et finissons avec difficulté notre journée en remontant la rivière jusqu'à retourner à Lankojärvi car le terrain est particulièrement marécageux.

 

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DSC02633Le moins vif des rennes que nous ayons rencontrés

DSC02654Le kuukkeli se laisse finalement photographier

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DSC02673Les superbes eaux vives du parc

DSC02679Sur le chemin, encore et encore des gués

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20180724_112715Pour traverser les marécages, il faut parfois emprunter ce genre de chemin

 

Fréquemment, il nous faut traverser sur un tronc branlant posé à la surface et rarement en bon état, ou sans rien (voir photo au-dessus). Dès le 2ème jour, nous avions trouvé des bâtons bien utiles pour garder l'équilibrer et avoir l'appui nécéssaire pour traverser avec nos sacs.

 

30 juillet

Ca y est, ça fait une semaine que nous avons commencé cette rando ! Heureusement nous avons bien géré notre rationnement. Si ça n'avait pas été le cas, nous aurions toujours pu espérer compter sur l'altruisme d'autres randonneurs, les rations abandonnées dans les refuges n'étant pas rares, aussi bien en périphérie que dans le centre du parc. Mais le hiker finlandais ne semble pas y avoir recours bien souvent, au vu de la date de péremption largement dépassée de bon nombre d'entre elles.

Pour changer, nous avons décidé de ne pas repasser par notre point de départ et de remonter plus au nord vers le centre d'accueil de Saariselkä. Depuis la bifurcation à Rautulampi, le chemin compte moins de dénivelé que celui de Kiilopää que nous avons suivi en arrivant, par contre, il est plus long. Nous avons préféré le faire en deux fois en passant la nuit au petit refuge de Rumakuru, qui n'est pas prévu pour ça mais pourquoi pas.

 

DSC02701Nolwenn découvre un cours d'eau salutaire pour nous rafraîchir, il y en a peu dans cette partie du parc

20180727_065539Le vieux refuge de Rumakuru (il y en a 2), Rumakuru Vanha

 

La gorge dont il tire son nom, que nous avons vue ce matin, est loin d'égaler les autres que nous avons visitées, en particulier celle d'Isokuru à Pyhä-Luosto qui a notre préférence. Quant au centre de montagne de Saariselkä, il est beaucoup plus développé que Kiilopää, et ses rues sont envahies de rennes. Nous prenons un bus en début d'après-midi pour Inari, un des districts les plus étendus et les plus septentrionaux de Finlande. Son lac et sa ville sont très connus pour être l'épicentre du rayonnement de la culture lapone, ou samie, comme ils préfèrent qu'on l'appelle.

 

DSC02705Troupeau de rennes sur les hauteurs de Saariselkä

DSC02711Les rues de Saariselkä

 

31 juillet

Aujourd'hui, après nous être bien reposés depuis la veille, nous avons pris le temps de visiter un peu Inari et son musée Sami. Ici, la dispersion de l'habitat atteint des sommets : 7000 âmes, et une densité de population ne dépassant 0,5 habitant au kilomètre carré. Il faut dire que les rives du lac sont immenses, nous n'en verrons qu'une fraction ridicule. Le centre est donc particulièrement vide, en-dehors de ses institutions samies : le Parlement (où se rassemblent les représentants des différentes ethnies de ce peuple autrefois nomade ayant été séparé par l'apparition des frontières entre Norvège, Finlande et Russie), et le musée. Celui-ci est très intéressant, voire même exhaustif, pour appréhender dans son ensemble l'histoire de la région depuis l'époque où, recouverte par les glaciers, elle était inconnue de l'homme, jusqu'à nos jours, que ce soit sur le plan naturel, politique ou culturel. En plus de ça, il comprend une partie extérieure où sont rassemblées des constructions typiques de la région, sur le même principe que le Folkemuseum d'Oslo.

 

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DSC02726Une hutte en terre comme nous en avons vu parfois à Urho Kekkonen

DSC02728Etable à rennes samie

 

Pour terminer cette journée bien remplie, nous prenons notre premier sauna du voyage à l'hôtel, idéalement situé sur la rive du lac, et nous mangeons un excellent dîner pour fêter l'anniversaire d'Alex :)

 

20180731_191747A l'hôtel, premier sauna de notre voyage

DSC02730Les rives du lac Inari autour de notre hôtel (Wilderness Hotel Inari)

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Demain, nous quitterons la Laponie la tête pleine de souvenirs, pour nous diriger, direction sud-est, vers la Carélie et ses lacs, où nous espérons pagayer et faire à nouveau de belles randonnées.

 

Voir l'album photo au complet ici

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